Douce plume acariâtre

Textedéposé en registre de propriété intellectuelle.

 

                                 IL A PERDU LA BOULE.

 

      Que peut-il donc se passer dans la caboche d'un écrivain dont la ponte rendrait jalouse la plus primée des poulettes de concours de volaille, une vraie, de celles qui font cot cot cot?  En plus, l'individu en question n'a, du beau temps de sa jeunesse défunte, pas particulièrement brillé par ses exploits dans la langue de Molière (qui lui entre parenthèses n'a écrit mot de sa vie) ou de Balzac.

       De ce moment où ses études vainement le poursuivaient, seule la mécanique le passionnait et le réglage des culbuteurs d'un moteur, y compris un V8, ne quémande que peu de syntaxe grammaticale en se foutant éperdument des fautes d'orthographe. Les rédacs puis les dissertes  obtenaient alors des notes modestes et bien méritées. Et pourtant…

       Pas un des profs de Français, à l'époque exaspérés par l'incompétent, n'a écrit davantage que lui…. Il s'y est collé tardivement mais le démon de la plume le tient et ne le lâche plus. Que diantre s'est –il passé?

        Une certaine expérience spirituelle lui fait croire qu'un être, quelque part là-haut (ou en bas) s'est immiscé  inconsciemment en son cerveau  devenu consentant. Possession? En quelque sorte! Mais raisonnable et qui pour le moment semble maitrisée. Attention, tout peut changer à une vitesse supersonique, la preuve: Monsieur de La Palisse, cinq minutes avant sa mort, était toujours vivant.  La folie, du moins celle que les autres peuvent observer en un homme,  se présente souvent à la porte du futur supplicié sans prévenir. Sans non plus qu'un coup sur le crâne ne soit vraiment nécessaire.

       Au départ, la boule était bien ronde, capable d'emmagasiner toutes les bêtises et les mensonges que ces messieurs dames de l'enseignement, très légèrement influencés par une divine société qui ne saurait se tromper; lui inculquaient méticuleusement jour après jour. Dés la maternelle  jusqu'au secondaire. Il n'y a pas eu de plus loin. La conscience hors du temps, incapable de comprendre le pourquoi du comment, un quelque chose indéfinissable lui susurrait déjà en des oreilles récalcitrantes, une étrange complainte. Ce que l'on essayait de lui vendre comme lanternes, n'étaient pas même des vessies. La matière grise dans la boîte crânienne a soudain refusé l'indigeste. Longtemps restée sur l'expectative due à l'incompréhension, elle   s'est dégrisée donnant ainsi à l'anormal une large porte d'accès.

      Ce type là n'est pas comme les autres, il n'est pas bien dans sa tête et les inepties qu'il pond vont lui valoir de gros ennuis.

      Ce malotru affirmant que l'homme n'a nullement besoin de supérieurs, de représentants-mandants, pas plus que d'intermédiaires entre le divin et lui-même. Cet inconscient qui prétend vouloir couper les pattes de l'échelle de la hiérarchie,  artifice maudit empêchant pour toujours le si beau mot fraternité de régner sur Terre. Ce moins que rien est un danger public.

         Vous m'excuserez de ne pouvoir écrire davantage, une ambulance et une voiture de police viennent de stopper devant ma porte et deux balaizes tout de blanc vêtus s'approchent. Un autre type stéthoscopé tient en main quelque chose que je crains. 

 

                                  -Je n'aime pas les piqures ! Au secours !

    

      

Ajouter un commentaire

 
×