AVERTISSEMENT
Avant de lire ce texte, mieux vaut aux personnes ayant une sensibilité religieuse d’aller voir plus loin si j’y suis.
LES CIGOGNES PORTERONT TOUJOURS NOS BEBES
Transviviane déambule en va-et-vient dans le corridor privé que l’administration sidérale lui a attribué. Depuis que le premier univers a fait d’elle une image phare, une icône servant de référence, ses privilèges sont devenus innombrables. Faire figure vis-à-vis des différentes humanités d’un idéal, d’un symbole de bonheur et de perfection représente pour elle une tâche qui n’aurait pas du se révéler ingrate. Sur les quatorze millions au cube de planètes habitées, naturelles ou artificielles, son image s’affiche en permanence. Dans l’ékranplat implanté en chaque cerveau son aspect de divine pureté tourne en boucle.
La seule Laloi régissant cette minuscule région, (on estime les univers existants à une telle quantité qu’il a fallu créer mathématiquement des puissances pour élever l’infini) est l’interdiction formelle d’essayer de bidouiller les connexions cérébrales. Ceci dit en termes plus choisis, plus précis. Laloi parfaitement définie par quantité d’articles, de chapitres, d’alinéas, eux-mêmes additionnés d’innombrables modifications, rectificatifs…Le tout constituant la capacité totale de Lamachine quand on y a rajouté l’ensemble des Connaissances. Un parallélépipède rectangle sphérique d’un quart d’année lumière de diamètre. Cette unité mesure devenant désuète, il est prévu d’ici peu de la substituer.
Attention, celui ou celle qui se met en infraction disparait instantanément. Car nul n’est censé ignorer Laloi.
Pourquoi Transviviane considère-t-elle que sa tâche est devenue aujourd’hui ingrate ?
Choisie soigneusement entre des milliers de Serveurs Parfaits, préparée, révisée, bichonnée, contrôlée à distance, jamais elle ne devrait douter. D’ailleurs ce verbe fut interdit au tout début des années 8000 de la dernière ère spatiale-temporaire et nulle trace n’en reste….Effacé, volatilisé, n’ayant jamais existé.
L’intelligence artificielle dont elle est munie n’a d’égale qu’au sein même de Lamachine Une telle concentration de connaissances en si peu d’espace, celui d’un humain androïde de sexe féminin, fut un exploit scientifique à sa création, six ans sidéraux auparavant. Transviviane la jeunette parle toutes les langues de tous les univers. Peut et doit répondre à toutes les questions posées. Elle connait bien sûr sa fin prochaine. Le moment précis où le dernier article, l’ultime alinéa de Laloi sera publié.
L’interdiction formelle de poser et de se poser la plus petite question.
Son Erudition Absolue retrouve en mémoire un concept très ancien, mis au point sur une minuscule boule que ses habitants appelaient Terre, et qui se définissait comme « Philosophie » Ceux qui s’en revendiquaient prétendaient tout expliquer en dissertant sans fin sur les questions existentialistes. Ils n’aboutirent jamais à rien et un auteur inconnu de l’époque a défini les philosophes comme des masturbateurs mentaux. En complément d’une masturbation physique encore tolérée bien qu’interdite par certaines conventions, et en substitution pour d’autres individus aux forces plus débiles.
Transvivi comme on la diminue parfois, a tout lu, tout assimilé. Elle pourrait être comparée à un autre très vieux concept, complètement disparu de la face des univers. Une inimaginable création parfaite qu’à l’époque on nommait Dieu. Ayant l’aspect des humains de ces temps anciens, représentée comme un vieillard à la barbe blanche, ses caractéristiques étaient si invraisemblables qu’il parait difficile aujourd’hui de croire que certains se prosternèrent devant lui. Bon, Lamachine n’était pas encore prévue…ni en pensée, à part peut-être par le NOT de cette ère révolue depuis des lustres immémoriaux. Le Nouvel Ordre Terrien.
Un Dieu qui n’existe plus ? Là est la mission actuelle de la perfection réfléchie du divin personnage d’autrefois.
Sur le dernier univers découvert récemment, une ville étrange, flottante sans aucune gravité apparente, est un lieu d’expériences étranges. De celles que Lamachine elle même n’aurait pas osé prévoir. La ville s’appelle Babaoli et Transvivi doit éradiquer l’effroyable, l’impensable et intolérable mode de vie qui y règne. Si invraisemblable situation que les explorateurs qui la découvrirent ont été rayés de la liste de l’existence après l’avoir décrite.
Le corridor personnel de Transviviane vient d’être parachuté sous un des pâturages, dans un des tiroirs de l’impossible ville de Babaoli.
Au dessus d’elle…
Un mâle broute tranquillement sa chère herbe sacrée d’une belle couleur bleu cerise. Il lorgne du coin de l’un de ses trois gros yeux bien ronds son harem de petites femelles qui, elles aussi, paissent dans le champ citadin voisin au troisième sous-sol du dessus.
Plus que tout, l’animal est attentif à l’éventuel accroissement du lobe droit de l’oreille gauche de l’une de ses compagnes, c’est là le signe évident de la manifestation d’un désir d’accouplement. Le Babaolitien possède en effet son organe génital récepteur juste derrière cette même oreille. D’autres espèces étaient autrefois bien différentes sur la sphéro-cube Baba. Par la bêtise ou par l’ignorance, qui peuvent parfois être des synonymes, le Babaolitien a anéanti toute autre forme de vie autour de lui en n’autorisant qu’une seule agriculture, celle consacrée à la toute sacrée herbe bleu cerise.
Comme les campagnes ont été éradiquées par des babaolipoliticiens incompétents depuis la nuit des temps, l'agriculture fut ramenée dans l'inconcevable mégapole de cent trois milliards vingt sept habitants qu'est Babaoli, à ce jour. La plus grande ville que les quatre univers connus et exploités aient jamais vue construite.
Dés qu’une dame se montre disponible, monsieur accoure par l’ascenseur descendant de service afin de lui rendre ses hommages. Il commence comme il se doit par d’exquis préliminaires en lui susurrant quelques mots doux, l’acte à un nom très particulier, on l’appelle le bouche à oreille.
-Quelle horreur ! Ont dit un funeste jour les sacerdoces de l’unique relitigion. Les imbéciles, engoncés dans les préjugés d'une perpétuelle ignorance déguisée en dogmes, ont convaincu les babaolipoliticiens de voter une loi interdisant la pratique du préliminaire en question. Heureusement cela reste autorisé sur quelques pâturages, ceux qui sont les plus éloignés du centre ville bien sûr. Quand on pense qu’il y a seulement quelques millions d’années, ce même clergé enseignait que les sphéros étaient élevées au système plan. Un scientifique ayant découvert la vérité s’est vu renier ses savants calculs pour non-adéquation aux textes sacrés. Sous peine d’être condamné à brouter un bucher d’herbe verte qui vous expédie directement dans les flammes de l’enfer, il a brulé en pleurant les preuves de la cubicité des sphéros carrées.
Les textes sacrés enseigneraient l’existence de beaucoup d'autres univers à trois infinis au cube de distance dans l’une des parallèles du Nord-Sud-est. Néanmoins, aucune preuve tangible n’a jamais été montrée à quiconque. Les relitigieux cacheraient-ils quelque chose au commun des Babaolitiens ?
Le commencement du début de la fin, va venir du cent douzième sous sol du quatrième étage des pâturages citadins de Babaoli. Cet endroit, totalement aparté, inaccessible y compris pour les sacerdoces, est appelé d’un étrange nom : le Paradis.
Une expérience, on le dit (et à Babaoli, on n’est pas un con), y est menée par le tout puissant Cube-Créateur qui doit s’en donner à cœur-joie. Il y aurait dans ce lieu mystérieux deux prototypes de nouveaux Babas, abrégé de Babaolitiens, un mâle et une femelle. Respectivement nommé Adam et Lilith, tout est à leur porté mais curieusement rien n’est permis par le machiavélique suprême grand savant. La tentation de tous les délices, y compris celui de la succulente herbe verte, est permanente. Aucune autre barrière que la volonté pour combattre les inévitables pulsions interdites. Or, sadiquement, le Cube-Créateur a oublié d’injecter un peu de cette qualité au moment de la conception des deux cobayes. Pire encore, le droit à la compréhension, au savoir, leur est également formellement interdit… Plan diabolique, esprit tortueux de celui qui attend le prévisible premier faux pas pour pouvoir punir avec délectation.
Dans bien d’autres niveaux paissent tranquillement, inconscients du germe maléfique qui va les détruire, des dizaines de milliard d’individus au cube qui sont déjà condamnés. Cette ville que l'on ne peut décrire, tant tout superlatif devient ridicule, vient de dépasser le point de non retour vers la raison.
Imaginez des rues et avenues à secrets. Des boulevards à étages où se croisent, s'enroulent et se chevauchent des myriades de gratte-ciels à cachecache! Par manque de place, il est évident et vous le comprenez bien, que des quartiers entiers ont été construits dans des greniers en sous-sol.
Deux cent soixante huit mille six cent trente et un ingénieurs ne s'occupent que des plans de la ville de Babaoli…
La circulation est devenue légèrement compliquée, le tracé des voies de communication du puzzle sphéro-cubique est tellement coriace qu’il en ferait baver Tantale. Des seulement bons-à-brouter se perdent si souvent dans le jeu des ascenseurs sans fin qu'ils se meurent de faim. Des spécialistes viennent alors ramasser leurs dépouilles pour les réintroduire (on le dit) dans le circuit clandestin de la fabrication de l’herbe interdite, la verte! Rumeurs…rumeurs.
Détail...le sieur bourgmestre vient d'inaugurer le cent-troisième parking pour taxis perdus! Le haut responsable des systèmes GPS et Galilée, une fois de plus, va pointer sur la kilométrique liste trafiquée du Chomdu. Il aura droit à trois jours d'indemnités avant d'être transformé en herbe bleu cerise.
Tous les Babas sont poussés à la consommation à outrance de cette seule herbe autorisée. Gavés d'ékranplat les bêêleurs broutant produisent ainsi plus de bonne laine.
Où cela mène-t-il ? Mais voyons, dés que la toison d’un individu est suffisamment conséquente, il passe dans la machine automatique à tondre inventée par les scientifiques ; la laine aussitôt est retransformée en herbe et le tour est bouclé, plutôt le cube est cubé. Quand un Bab, diminutif de Baba, atteint l’âge de limite d’utilisation, à un quart d’éternité huit jours et dix secondes, l’on vient discrètement le chercher afin qu’il ne souffre pas. Les méchants crétins au cube de relitigieux ont enfin compris que la dégradation inutile dans d’effroyables douleurs, ou dans un état de légume irréversible, ne faisait pas avancer l’Humanibabaolicité ou le Schmilblick, au choix.
Il y a fort longtemps que la parole a été ôtée à l’espèce brouteuse, sauf aux prédicateurs et aux babaolipoliticiens, elle leur reste nécessaire pour distiller leur venin mensonger. Alors l’individu de base a redéveloppé la lecture de la pensée, possibilité incluse depuis toujours dans le cerveau mais qui était complètement tombée en désuétude. Cette pensée qu’une certaine Transviviane encore inconnue devra bientôt interdire pour que Laloi règne aussi ici. Des faiseurs d’embrouilles, les Enarcobabaolitiens, ont donné l’ordre aux savants d’arrêter ce fléau : la pensée devait être interdite par ondes (ils sont fort loin de supposer que leur utopique raisonnement existe en d’autres lieux, en des fractions de temps juxtaposés qui vont les rattraper d’ici peu). Les vibrations nocives utilisées n’ont fait que de donner la grosse tête aux Enarcos sans aucun autre résultat.
Rien ne peut donc empêcher les rumeurs.
On dit que, dans certains étages cachés de quelques sous-sols perdus, s’entassent d’énormes quantités de laine à herbe bleu cerise. On dit que cela serait par peur du lendemain, par cupidité, par orgueil, besoin de puissance, soif de domination etc., etc. Décidément, ceux qui dirigent n’hésitent pas à utiliser toutes les armes qu’ils ont interdites en publiant les textes sacrés.
Au cent douzième sous-sol du quatrième étage, le Cube Créateur perd patience. Les prototypes ne tombent pas dans le piège pourtant bien ficelé. Adam parait d’accort mais Lilith insoumise se refuse surtout à l’une des conditions de sa vie future. Son infériorité à l’élément mâle.
Le barbu éternel va devoir introduire une fois de plus des éléments déclencheurs dans son laboratoire, des sortes de détonateurs. Comment diantre avait-il fait la dernière fois ?
-Ah oui, il me faut une pomme ! S’ils ne veulent toujours pas mordre à l’hameçon, j’enverrai mon ultime ressource : le sans patte à la langue fourchue. Créature longuement peaufinée pour confondre les innocents.
Alors que le lobe gauche de l’oreille droite de mademoiselle s’allonge encore un peu, le piège couleur fruit défendu est proposé.
Enfin le péché va naitre ! ! !
Des nouvelles lois vont sévir. Ceux qui refusent de se laisser tondre, ceux qui faute de pouvoir brouter l’herbe défendue, fument la bleu cerise sacrée et deviennent des accrobabaolis. Dangereux individus plus faciles à condamner qu’à guérir. Tous les révisionnistes révolutionnaires pourront être pourchassés puis déportés vers des tiroirs secrets que l'on nommera prisons. Les accompagneront à leurs tours les criminels, les odieux pécheurs n’ayant pas respecté le code de la route. Ceux qui ont brouté l’herbe de leur voisin.
Ceux qui ont péché par omission en oubliant un instant de regarder l’ékranplat.
Ceux dont l’un des yeux s’est attardé sur le lobe gauche de l’oreille droite de la femelle d’un ami ou d’un frère.
Ceux qui ont manifesté l’orgueil d’être autre chose que des simples brouteurs.
Ceux qui, par flemme, refusent de paître et donnent ainsi moins de laine.
Ceux qui ont voulu faire penser aux autres Babaolitiens qu’en réagissant ils pourraient probablement vivre mieux (les plus dangereux).
Ceux qui ont dit merde aux flics, aux juges, aux relitigieux et mange aux babaolipoliticiens.
Ceux qui ont soi-disant agi contre la nature alors qu’ils ont été créés par elle.
Ceux pris en flagrant délit d’expédier de l’herbe sacrée dans des paradis artificiels détaxés (peu nombreux car on ne les attrape que très rarement).
Ceux qui ont aidé les tous ignobles précédemment cités à préciser leurs faits et gestes ou leurs idées ; aidé à les divulguer.
Ceux qui ont reçu la mention inadmissible d’ « Inqualifiables ».
Celui qui écrira un jour "Les cigognes porteront toujours nos bébés".
…Et tous les autres…..
Au Paradis d’où des hurlements s’échappent par une petite fenêtre de ventilation, la rage se manifeste.
-Ce n’est pas possible! J'ai conçu cette ville. C’est moi qui dois la détruire! MOI, MOA, je, je ME plais, mon égo au cube est génial! Si ces deux idiots ne croquent pas la pomme, les cloportes brouteurs ne pourront jamais être contrôlés! Mais c’est le cube à l’envers ! A partir de dorénavant tout de suite JE, que JE n’écrirais qu’en majuscules, vais Me donner un autre nom….Voyons voir et pourquoi pas Dieu, JE trouve que ca sonne bien!
Tenez-vous bien Babaolitiens et tous les autres car vous n’êtes pas seuls contrairement à ce que vous enseignent vos minables relitigieux : vous allez promptement partir en poussière, celle que JE prétends avoir utilisé pour vous fabriquer.
Personne n'a le droit de fuir ma ville, je lui ai fait bouffer la campagne. Pour vivre, respirer et manger, mes créatures doivent, comme il est de bon aloi, faire pousser leur herbe bleu cerise sur les murs-pâturages des gratte-ciels.
Personne ne doit jamais imaginer un jour ce qu'était le premier Paradis !.........Où il n'y avait pas une ville !
Allez quoi, croquez ! Ne dit-on pas "jamais deux sans trois"? Sodome et Gomorrhe se sentent bien seules
Dieu ! Ton miroir et ton reflet, ton deuxième toi est prêt en sous-sol. Il va, il doit t’anéantir, il arrive tout droit d’un instant compliqué, commandé par la non-raison. Sous l’aspect d’une envoyée qui doute. Sous une forme féminine que tu feins d’ignorer tant tu la redoutes. Alors, avec un peu de chance, il te reste encore l’espoir que tes os imputrescibles fassent que la peur ne soit jamais un mot éradiqué. Transviviane, voyageuse en mission, doute…Pourtant, personne ne lui a décrit l’imprudence de l’amour !
Elle doute à cause des cigognes !
Ce Serviteur Parfait au succédané de peau merveilleux à toucher, semblable à la Lilith que tu prétends avoir créée, est la synthèse d’une conception technique inconnue dite Lamachine. Ta loi divine, aux antipodes de Laloi, loin d’un temps qui n’est que vibration, reste moins utile pour trouver l’essence de la vie que pour vieillir physiquement. Transvivi peu à peu est envahie par le poison du doute alors que nul n’a injecté cette substance dans ses veines artificielles.
Dieu, méfie-toi, ta fin est proche.
Les miracles dont tu es capable et que certains de tes Saints Sujets sortent de leur baguette magique endogmée ne te sauveront pas. Ton absurde incompréhensible ne peut survivre éternellement. Un oiseau nichant sur les culminances naturelles ou de monuments sera l’instrument de ta perte. Car aucune volonté au monde ne pourra l’empêcher d’amener nos bébés. Jamais !
Transvivi envoie mentalement l’ordre pour son corridor fasse surface….
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L’herbe bleu cerise s’écarte sans maugréer sous la poussée du corridor et le pâturage entier ose regarder Transviviane débarquer de son engin. Rien dans les mains rien dans des poches inexistante car elle aucun vêtement ne cache un seul millimètre carré de son corps parfait.
Cette étrange créature certainement non brouteuse, ne possédant que deux yeux, ne semble pas non plus avoir son organe génital derrière l’oreille. Les Babaolitiens présents se remettent illico à paitre et se repaitre de leur chère herbe sacrée. Cette « chose » nouvellement venue n’aurait d’importance que si elle apportait un peu d’herbe verte….Fidèle à leur injonction, un de leurs trois gros yeux est resté strictement fixé sur l’ékranplat du pâturage/
Un premier plan d’attaque de l’envoyée de Lamachine entre en ses connections d’intelligence. Les brouteurs devraient voir un autre spectacle. Elle connecte aussitôt l’appareil à ratatiner la capacité cérébrale, l’ékranplat donc, sur le cent douzième étage du quatrième sous-sol. Au Paradis ! Il faut que tous les Babaolitiens sachent ce que l’autoproclamé Dieu prépare. Une éternité de péchés devrait leur faire peur. Ils seraient ainsi plus malléables pour recevoir le bienfait de Laloi. Raisonnement facile mais….une image se réaffiche en Transvivi…
Celle d’un oiseau blanc transportant un bébé. Dans un petit drap noué sur son long bec.
Un vrai ! Pas un Serviteur Parfait qui devrait grandir par la suite. Non, une chose qui pleure, qui rit, tète, mange puis pisse, cague et pue si fort qu’il faudra la laver, la langer. Une chose fragile que des papas et des mamans attendent et qui nécessitera un concept lui aussi oublié aujourd’hui…l’amour. Si perdu, volatilisé qu’il disparu du langage de tous les habitants… quelque soit leur univers !
Ce mot ! Ce mot que Lamachine n’a jamais voulu effacer et qu’elle a été pourtant incapable de définir. Ce mot qui depuis la toujours, avant même que l’on ne découvre la vibration du temps, avait empli autant de bibliothèques (très ancien lieu de connaissance) que les relitigieux de l’époque pouvaient en bénir…Allez donc faire comprendre ca à cent douze milliards de Babas abrutis d’herbe bleu cerise ! Si au moins tous voulaient la fumer !
Serait-ce à cause du doute ? Une métamorphose se produit dans les chairs synthétiques de Transviviane. Un produit qui normalement n’existe pas en elle se fabrique. Son système automatique d’analyse instantanée confirme des composants non injectés. De l’hydrogène et de l’oxygène. En des proportions moléculaires de H2O…de l’eau. Additionnée d’un soupçon de sel et de deux produits aux propriétés antiseptiques. Lysozyme et lactotransferrine.
Derrière la partie supérieure de son orbite, des larmes se forment.
Les pâturages reçoivent désormais en direct les images du Paradis, mais aucun Baba ne semble réagir. Leur processus d’abrutissement est plus profond qu’il n’y parait ! Un frisson parcoure soudain la plus belle, la plus élaborée des Serviteurs Parfaits, celle fraichement débarquée de son corridor. Le spécimen que Dieu veut faire tomber dans un piège est décidemment beau. L’aspect de cet Adam lui ôte la faculté d’un raisonnement adéquat avec Laloi, non prévu par Lamachine…Quelle merveille, quelle élégance !
Quand le serpent entre en scène, il semble à Transviviane qu’il va s’enrouler sur son propre corps, curieusement très semblable à ceux des prototypes et a celui du divin vieillard. Elle le sent physiquement monter le long d’une de ses jambes et se frotter en des points qui deviennent aussitôt d’une extrême sensibilité. Au bas et sur la partie avant de son tronc bourré de nanocircuits électroniques jailli et se dresse un petit quelque chose. Sur les ékranplats Adam lui aussi parait transformé, comme si un désir d’accouplement se manifestait. Au même endroit…en bien plus important !
Rien ne fonctionne comme prévu !
Dieu jure abominablement contre Lilith, la ville entière de Babaoli tremble des coups de poings sur la table du Paradis !
-Salope ! Insoumise ! Tu dois baiser dans la position que la bienséance a prévue pour toi ! Chevaucher Adam suppose ton égalité avec lui et je ne le veux pas. Un jour tu devras porter les péchés du monde. Tu seras la responsable de la faute originale. Ton actuation d’aujourd’hui n’est pas compatible avec le futur que j’ai prévu !
-Vieillard sénile. Tu sais où tu peux te la mettre cette pomme ! Tu ne te rends pas compte tant ta vanité est grande que ta créature sans patte à la langue fourchue te trahit en ce moment même. Elle s’est alliée avec moi pour te fournir celle que tu veux. L’autre a des épaules solides pour supporter l’arrogance de celui que l’on appellera un jour le sexe fort. Peu m’importe de tomber dans le domaine de l’oubli car jamais plus on ne parlera de moi. Mais je resterai libre ! Ta nouvelle sera ta soumise. À son travers tu dissimuleras tous les tiens, toutes tes incohérences, ton impuissance et ta lâcheté. Au point que tu seras pour l’éternité un facteur de guerre entre tes créatures. Toi qui te prétends bon !...
Pendant ce temps, le serpent se prélasse entre les jambes largement écartées de Transviviane qui devient transvibrante, transfontaine. Dans les circuits de son impensable cerveau d’étranges réactions déclenchent une complète transformation de sa matière de base. Elle se rappelle une fois de plus l’une de ses lectures, quand elle a assimilé la Connaissance Universelle. Des humains y parlaient de rêves, d’enfantement, d’amour. Une symbolique image efface d’un coup tout ce que Lamachine lui a transmis.
Celle de l’oiseau blanc et du bébé !
Transviviane doit disparaitre. Ce nom donné par un monstre n’ayant aucun sentiment doit resté dans un tiroir oubliette de Babaoli. Il lui en faut un autre. Marquant, court, retenu pour l’éternité au cube.
Alors que Lilith formule une prière qui un jour sera complètement déformée
Tu n’es pas notre père, tu n’es pas aux cieux.
Que de la surface des univers ton nom soit maudit et effacé.
Que ton règne s’en aille
Que ta volonté d’emprisonner les âmes soit enfin vaincue.
Ne nous donne plus ton fiel quotidien.
Nous ne te pardonnons pas tes offenses
Comme tu n’as rien à nous pardonner.
Depuis toujours tu nous as soumis à la tentation.
Et ton vice a créé chez nous moins de bien que de mal…
Transvivi décide de son nouveau nom. Lamachine restera lointaine et inconnue. Babaoli entière continuera de brouter sa chère herbe sacrée bleue cerise. L’ex Serviteur Parfait va proposer ses services à Dieu. Tout recommence une fois encore….
Eve est née.
Commentaires
-
- 1. Augustin Le 27/04/2015
trop bon!
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