Douce plume acariâtre

                   LA DISPARITION DE L’HIPPOPOTRALAMUSSE.

                                         Ou : Triple concentré de tomate     assassine.

                         Le mâle broute tranquillement sa chère herbe sacrée d’une belle couleur bleu cerise. Il lorgne du coin de l’un de ses trois gros yeux bien ronds son harem de petites femelles qui, elles aussi, paissent dans le champ voisin du troisième sous-sol du dessus.

                         Plus que tout, l’animal est attentif à l’éventuel accroissement du lobe droit de l’oreille gauche de l’une de ses compagnes, c’est là le signe évident de la manifestation d’un désir d’accouplement. La hippapatralamasse possède en effet son organe génital récepteur juste derrière cette même oreille. D’autres espèces étaient autrefois bien différentes sur la sphéro-cube Tralamusse. Par la bêtise ou par l’ignorance, qui peuvent parfois être des synonymes, l’Hippopotralamusse a anéanti toute autre forme de vie autour de lui en n’autorisant qu’une seule agriculture, celle consacrée à la toute sacrée herbe bleu cerise.

                        Dés qu’une dame se montre disponible monsieur accoure par l’ascenseur descendant de service afin de lui rendre ses hommages. Il commence comme il se doit par d’exquis préliminaires en lui susurrant quelques mots doux, l’acte à un nom très particulier, on l’appelle le bouche à oreille.

                                        -Quelle horreur ! Ont dit un funeste jour les sacerdoces de l’unique relitigion. Les imbéciles, engoncés dans les préjugés de  leur perpétuelle ignorance, ont convaincu les hippopopoliticiens de voter une loi interdisant la pratique du préliminaire en question. Heureusement cela reste autorisé sur quelques pâturages.

                       Certains étages où la prohibition règne ont mis au point une parade qui donne d’excellents résultats. De malins hippopoadolescents ont systématiquement brisé toutes les caméras de surveillance installées par l’hippopopolice. Ils pratiquent ainsi le bouche à bouche mal vu en public, le bouche à oreille rigoureusement interdit et évitent de se retrouver nez à nez avec l’injustice, pardon, la justice tyrannique qui régit  l’ensemble du Cube-Univers.

                        Quand on pense qu’il y a seulement quelques millions d’années le clergé enseignait que les sphéros étaient élevés au carré. Un scientifique ayant découvert la vérité s’est vu renier ses  savants calculs pour non-adéquation aux textes sacrés. Sous peine d’être condamné à brouter un bûcher d’herbe verte qui vous expédie directement dans les flammes de l’enfer, il a brulé en pleurant les preuves de la cubicité des sphéros carrées.

                          Dans la constellation, des milliards de sphéros-cubes mères assurent l’énergie nécessaire à toutes les activités de leurs innombrables satellites respectifs. Le système dont dépend Tralamusse  se situe au bord de l’extrème droite du premier Cube-univers.

                          Les textes sacrés enseigneraient l’existence d’un deuxième univers à trois infinis au cube de distance dans l’une des parallèles du Nord-Sud-est. Néanmoins, aucune preuve tangible n’en n’a jamais été montrée à quiconque. Les relitigieux cacheraient-ils quelque chose au commun des Hippopotralamusse ?

                          Le commencement du début de la fin va venir du cent douzième sous sol du quatrième étage des pâturages. Cet endroit, totalement aparté, inaccessible y compris pour les sacerdoces, est appelé d’un étrange nom : le Paradis.

                          Une expérience, on le dit (et à Tralamusse On n’est pas un con), y est menée par le tout puissant Cube-Créateur qui doit s’en donner à cœur-joie. Il y aurait dans ce lieu mistérieux deux prototypes de nouveaux Hippopotralamusses, un mâle et une femelle. Tout est à leur portée mais, curieusement, rien n’est permis par le machiavélique suprême grand savant.

                         La tentation de tous les délices, y compris celui de la succulente herbe verte, est permanente. Aucune autre barrière que la volonté pour combattre les inévitables pulsions interdites ; or, sadiquement, le Cube-Créateur a oublié d’injecter un peu de cette qualité au moment de la conception des deux cobayes. Pire encore, le droit à la compréhension, au savoir, leur est également formellement interdit.

                         Plan diabolique, esprit tortueux de celui qui attend le prévisible  premier faux pas pour pouvoir punir avec délectation.

                         Dans bien d’autres niveaux paissent tranquillement, inconscients du germe maléfique qui va les détruire, des dizaines de milliards d’individus au cube qui sont déjà condamnés.

                         L’Hippopotralamusse est dorénavant pacifique mais il a été guerrier autrefois. Avant l’obligation de l’écranplat sur tous les pâturages, fabuleux appareil à ratatiner les possibilités cérébrales, l’espèce ne se contentait pas  seulement de paître. Elle rêvait aussi de meilleures prairies, d’une herbe différente : d’une autre couleur par exemple. Pour assouvir leurs désirs voir leurs ambitions (certains prétendent que c’est du kif kif, vieille expression venue d’on ne sait où), ils n’hésitaient pas à s’assembler en grand nombre sur de vastes champs appelés de bataille.

                           Maintenant tout est renté dans l’ordre, l’écranplat est là en permanence, les Hippopotralamusses sont bêtement poussés à la consommation à outrance de la seule herbe autorisée : la bleu cerise.

                           Où cela mène-t-il ? Mais voyons, dés que la toison d’un individu est suffisamment conséquente, il passe dans la machine automatique à tondre inventée par les scientifiques ; la laine aussitôt est retransformée en herbe et le tour est bouclé, plutôt le cube est cubé. Quand un Hippopotralamusse atteint l’âge de limite d’utilisation, à un quart d’éternité huit jours et dix secondes, l’on vient discrètement le chercher afin qu’il ne souffre pas.

                            Les méchants crétins au cube de relitigieux ont enfin compris que la dégradation inutile dans d’effroyables douleurs, ou dans un état de légume irréversible, ne faisait pas avancer l’Humanihippopotralamusse. Nom  trop long que la population a familièrement surnomée Schmilblick. Allez savoir pourquoi...

                             Il y ait fort longtemps que la parole a été ôtée à l’espèce brouteuse, sauf aux prédicateurs et aux hippopopoliticiens, (souvent tous confondus dans le même panier percé), elle leur reste nécessaire pour distiller leur venin mensonger. Alors l’individu de base a développé la lecture de la pensée, possibilité incluse depuis toujours dans le cerveau mais complètement tombée en désuétude. Les faiseurs d’embrouilles, les Enarcotralamusses, ont donné il y a au moins six millions de nanosecondes l’ordre aux savants d’arrêter ce fléau : la pensée devait être interdite. Les ondes nocives utilisées n’ont fait que de donner la grosse tête aux Enarcos sans aucun autre résultat.

                          Rien ne peut donc empêcher les rumeurs.

                          On dit que, dans certains étages cachés de quelques sous sols perdus, s’entassent  d’énormes quantités de laine à herbe bleu cerise. On dit que cela serait par peur du lendemain, par cupidité, par orgueil de puissance, soif de domination etc.etc. Décidément, ceux qui dirigent n’hésitent pas à utiliser toutes les armes qu’ils ont interdites en publiant les textes sacrés.

                          Au cent douzième sous sol du quatrième étage, le Cube créateur perd patience. Les prototypes ne tombent pas dans le piège pourtant bien ficelé. Il va lui falloir introduire une fois de plus des éléments déclencheurs, des sortes de détonateurs. Comment diantre avait-il fait la dernière fois ?

                                    -Ah oui, il me faut un arbre à dés, de beaux dés bien juteux couleur vert pomme. S’ils ne veulent toujours pas mordre  à l’hameçon, j’enverrai mon ultime ressource :

 le diable sans patte à la langue fourchue. Créature longuement peaufinée pour confondre les innocents.

                         Tralamusse tout comme son système, sa galaxie et son univers entier est constituée d’une multitude de niveaux réservés aux prairies d’herbes bleu cerise, de tiroirs, de sous-sols et d’étages, mais où est donc cultivé le végétal interdit ? Les plans du puzzle sphéro-cubique sont si coriaces qu’ils en feraient baver Tantale, seuls d’invisibles fils d’Ariane permettent à quelques hippopopoliticiens, hippopopoliciers et à de rares sacerdoces relitigieux de se déplacer et encore, dans des espaces souvent restreins.

                       La grande majorité des seulement bons-à-brouter se perdraient dans le jeu compliqué des ascenseurs sans fin et rapidement seraient morts de faim. Dans ces cas assez rares, des spécialistes viennent les ramasser pour les réintroduire, on le dit encore, dans le circuit de la fabrication de l’herbe verte…rumeurs…rumeurs.

                         Parfois certains fous refusent de se laisser tondre. Parfois certains jeunes pensent trop fort en expriment des idées de rébellion. Certains, faute de pouvoir brouter l’herbe défendue, fument la bleu cerise sacrée et deviennent des accropopotralamusses.  Dangereux individus plus facile à condamner qu’à guérir. Tous ces révisionnistes révolutionnaires sont pourchassés puis déportés vers des tiroirs secrets nommés prisons. On en revoit parfois quelques uns, amputés d’une partie du cerveau et ils n’ont plus qu’un seul œil : celui qui doit regarder fixement l’écranplat.

                        Les ondes cérébrales transmettent l’histoire d’un savant de génie qui aurait mathématiquement reconstitué le chemin qui mènerait au Cube-créateur ! Il aurait écouté derrière la porte du soi-disant tout puissant de rares propos.

                                   -Bien sur que j’ai crée l’Hippopotralamusse à mon image : Je suis comme eux, parfois mais rarement bon, j’ai en moi le bien ET le mal, le blanc ET le noir, le positif ET le négatif, les deux cotés de la médaille en y ajoutant la tranche. Tous ces grands  zigoteaux de bouffeurs d’herbe n’ont pas compris la réciprocité. Je suis comme eux : vil, méchant, vicieux, calculateur machiavélique, aimant à faire souffrir, capable de tout mais surtout, surtout complètement impuissant, incapable de faire désormais quoi que se soit pour mes créatures. Qu’ils se démerdent.

                   Suprême danger sacrilège quia fait enfermer l'écouteur indiscret dans un cul de basse fosse à l’horrible nom d’oubliette.

                       Dans le cent douzième sous-sol du quatrième étage, le lobe gauche de l’oreille droite de mademoiselle s’allonge encore un peu et le dé piège couleur vert pomme parait plus juteux….

                       De toutes les guerres du passé, le Cube créateur a gardé une bonne quantité d’armes monstrueuses aux doux noms d’atomiques ou de nucléaires. Réparties stratégiquement dans le cube-univers elles ne manqueront pas de tout anéantir quand le dé sera croqué. Ce plan a déjà réussi une infinité au cube de fois dans le passé du futur subjonctif présent. Il a anéanti un univers pyramidalo cubique, un tout plat, un cylindrico en spirale etc. etc. etc. Cette répétition fait bien rire celui qui pense dés maintenant à sa prochaine forme.

                       Un de ces rires fous  qui provoquent des tremblements de Tralamusse en faisant hélas beaucoup de victimes.

                         Mais rien ne se perd, tout retourne à l’herbe bleu cerise. Et certainement à la verte aussi, puisse qu’elle existe. Les trafiquants, souvent protégés par les hippopopoliticiens et par des policiers (diminutif de hippopopoliciers), appelés aussi poulets, roicos, flics etc. qualifiés de ripoux, amassent eux aussi d’énormes quantité d’herbe sacrée dans des lieus non secrets mais bien gardés. Parfois même dans des paradis secondaires dont les grands chefs aiment à se comparer au Tout Puissant  Pas d’illusion, quand ça va exploser il y en aura pour tout le monde…..

                       Le Cube créateur se retient de respirer. Retiré du formol, un serpent auquel il a soufflé dans le trou du cul pour le ressusciter, susurre aux cobayes Hippopotralamusses qu’en plus du bouche à oreille, un délicieux dé vert pomme bien juteux les attend.

                                    -Allez, croquez, tant pis pour l’interdiction, regardez comme il est beau, goutez comme il est bon, autant que l’herbe de la même couleur !

                       A cet instant précis, loin dans la sixième dimension du deuxième système, un tiroir prison s’est mal refermé. Collossale erreur technique, surtout qu’il est réservé aux savants rebelles. Le premier à s’échapper, en entraine bien d’autres dans son sillage. C’est un concepteur de plan, il s’oriente donc dans les labyrinthes avec facilité, les fuyards s’emparent d’un ascenseur multidimensionnel des flics et communiquent une fausse information aux invisibles dirigeants hippopopoliticiens. Le secteur du tiroir prison serait infecté par le terrible virus H2 SO12 calibre 5O au tir d’une incroyable précision. Toujours mortel et sans sérum ni vaccin.

                        Les grands manitous n’hésitent pas devant la gravité de la situation, immédiatement derrière les savants de nouveau capables de folies, l’espace temps système est détruit, en y rajoutant un pâté de maison  tout au tour, au cas où.

                          Avec le véhicule policier, sont débloqués les verrous de toutes les prisons de rétention des libres penseurs non assermentés. Puis sont libérés à leurs tours les criminels, les odieux pécheurs n’ayant pas respecté les textes sacrés. Ceux qui ont brouté l’herbe de leur voisin.

                         Ceux qui ont péché par omission en oubliant un instant de regarder l’écranplat.

                          Ceux dont l’un des yeux s’est attardé sur le lobe gauche de l’oreille droite de la Hippapatralamasse d’un ami ou d’un frère.

                          Ceux qui ont manifesté l’orgueil d’être autre chose que de simples brouteurs.

                          Ceux qui, par flemme, refusent de paître  et donnent moins de laine.

                          Ceux qui ont voulu faire penser aux autres Hippopotralamusses qu’en réagissant ils pourraient probablement vivre mieux (les plus dangereux).

                          Ceux qui ont dit merde aux flics, aux juges, aux relitigieux et mange aux hippopopoliticiens.

                          Ceux qui ont soi-disant agi contre la nature alors qu’ils ont été créés par elle

                          Ceux pris en flagrant délit d’expédier de l’herbe sacrée dans des paradis artificiels détaxés (peu nombreux car on ne les attrape que très rarement).

                          Ceux qui ont aidé les tous ignobles précédemment cités à préciser leurs faits et gestes ou leurs idées ; aidé à les divulguer.

                          Ceux qui ont reçu la mention inadmissible d’Inqualifiables.

                          Celui qui écrira un jour  LA DISPÄRITION DE L’HPPOPOTRALAMUSSE 

                          Et tous les autres.

                          Le grand Cube Créateur voit tout mais s’en fou complètement. Pour lui la fin DOIT venir du cent douzième sous sol du gnagnagni gnagnagna.

                        N’empêche que… les blouses blanches longuement réprimées réussissent à shunter les connections des écranplats de tous les pâturages. Ils diffusent maintenant des programmes pour reconstituer les cerveaux atrophiés. Dangers pires que les rires du Cube Créateur ; l’univers entier tremble. Les Hippopopoliticiens qui ne savent que mentir, n’ont aucune solution. Très vite les machines à tondre montrent des signes de disfonctionnement.

                        L’hippopopolice comme d’habitude ne comprent rien, elle a été créée pour défendre un système d’annihilation cérébrale et toute autre chose la désempare. Alors elle frappe, elle cogne, elle électromatraque sur tout ce qui passe à sa portée. Jeunes ; adultes et vieux Hippopotralamusses qui courent  en débandades dans tous les sens y compris les interdits ; ils s’emparent des ascenseurs et  de certains plans pourtant soigneusement cachés dans un ancien grenier souterrain.

                       Bigre ! Heureusement qu’il n’y a plus d’armée depuis un lustre un quart. Affolée, recevant ordres puis contre ordres, dans son désordre elle aurait probablement participé à la grande pagaille, la rendant plus meurtrière encore .Mais tout va se terminer bientôt !  

                        L’affolement général gagne tous les sous-sols, tous les étages, tous les tiroirs, toutes les oubliettes. Tous les grands manitous changent d’aspect, de vêtement et se déguisent en simples brouteurs. Accompagnés des hauts dignitaires relitigieux, ils n’espèrent plus qu’une chose : que l’on ne découvre pas leurs tiroirs secrets d’entassement. 

                        Abomination sans pareille, le fléau s’étend sur le système et contamine on ne sait comment toute la sphéro-Cube univers !!!

                        Au Paradis, où des hurlements s’échappent par une petite fenêtre de ventilation, la rage se manifeste.            

                                  -Ce n’est pas possible, c’est moi qui doit détruire l’univers ; MOI, MOA, je, je ME plais, mon ego au cube est génial, ces deux idiots ne croquent pas le dé et les cloportes brouteurs se révoltent. Mais c’est le cube à l’envers ! A partir de dorénavant tout de suite JE, que JE n’écrirais qu’en majuscules, vais Me donner un autre nom….Voyons voir et pourquoi pas Dieu, JE trouve que ca sonne bien.

                        Tenez-vous bien Hippopotralamusses et tous les autres car vous n’êtes pas seuls contrairement à ce que vous enseignent vos minables relitigieux : vous allez promptement partir en poussière, celle que JE prétends avoir utilisée pour vous fabriquer.

                       Sachez d’où vient le coup et apprenez enfin à me redouter. Jusqu’à la nuit des temps. Bon mais …entre nous hein… la seule chose que vous ne saurez pas car jamais, jamais au triple cube, JE ne l’avouerais : c’est que  C’EST VOUS QUI M’AVEZ CREE  avec votre peur viscérale.

                       Le nouveau Dieu se planque très loin au bout de la  deuxième rue à droite en sortant, il attend avec satisfaction l’aboutissement de ses efforts, il va réussir. Loin sur Tralamusse, l’un des affolés courant en tous sens trouve refuge sous le bureau  du directeur de cabinet de l’adjoint d’un des concierges d’un hippopopoliticien. Un petit bouton rouge y est installé. La curiosité fait échouer le projet Divin (adjectif fraîchement inventé).

                                                     B O U M M M M ! ! ! ! ! ! ! ! ! !

                        Colère grandiose ; le créateur, une fois de plus impuissant, se martèle le ventre de rage. Un vent impressionnant, comme il n’en avait jamais lâché, sort de ses entrailles. Il n’a pas de culote, des particules d’on ne sait quoi volent au loin.

                          Alors, bon joueur et finalement bon perdant aussi Il, JE, Créateur, Dieu et tous les autres noms, se met à rire, mais à rire encore et sans retenue.

-         JE vois déjà des savants-cosinus, dans X milliards d’années appeler mon formidable pet…. Big-bang !

                                                              DEBUT.

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