Texte déposé en registre de propriété intellectuelle
LA MACHINE A PATATES
La vie d'un inventeur n'est pas tous les jours facile. Une des principales préoccupations, avant de pouvoir développer un projet, est l'aspect finance. Money money, nerf de la guerre Pourquoi donc refuse-t-on de me prêter de quoi construire mes machines? Les investisseurs n'ont décidemment pas la foi, du moins en moi. Et pourtant…
Aux States, une de mes inventions fait déjà un succès inimaginable. Mais qui là-bas se soucie de savoir le nom du génie ayant pondu la fameuse horloge à hamburgers. Les deux marques universellement connues Mac Beurk Medre et Bergur Kong Saucisson ne s'y sont pas trompés en installant une machine à chaque coin de rue. Pour le moment, seule une petite centaine de villes bénéficie des bienfaits de cette nouveauté qui allie allégrement le temps qui passe avec l'estomac qui se remplit. Il me faut vous préciser que je suis pas responsable des immondices ayant nom de nouriture qui y sont proposées.
La machine suivante a englouti ma fortune gagnée en Amérique. Car…si les États qui me l'ont commandée étaient fort contents de ses prestations, promises et annoncées par ma propre publicité, la population quant à elle l'a rapidement boudée. Et pourtant…
Il était bien pensé ce parallélépipède magnifique, d'une vingtaine de mètres d'un bel acier inox, dont le polissage reflétait les rayons du soleil de jour et les phares des voitures la nuit. La chose, je l'avais bien prévue devait être avant son fracas, reconnue d'utilité publique. Vous pensez! Une machine à payer ses impôts!
Basée sur un principe très simple, il suffisait au con tribuable de rentrer par la porte -évidemment d'entrée- bien matérialisée et, une minute après, il ressortait tout content d'avoir fait son devoir conjugal avec les Institutions de l'État. Seule réquisit, être munit d'un carte d'identité et regarder l'œil électronique lisant l'iris de l'œil du con tribuable. Plus de tricherie possible en cet an de grâce 2083. De plus la puce d'identification obligatoire et injectée dés la naissance ne saurait mentir. Ma foi, chacun ne doit payer que ce qu'il doit, c'est la loi. Tout était prévu.
L'individu, à sa sortie par une porte invisible s'ouvrant sur la face opposée de ma merveille métallique, récupérait sa carte et repartait tranquille. Automatiquement ses comptes en banque devaient être débités des sommes dues. Au cas où l'argent vienne à manquer, la confiscation immédiate des biens devait se faire jusqu'à compenser la valeur de la dette. Biens insuffisants? La porte de sortie n'était pas la même et conduisait directement dans un lieu de détention construit en taules suffisamment épaisses et impossibles à découper au chalumeau. Ma magnifique invention, pour laquelle messieurs les percepteurs se frottaient les mains en salivant, n'alla pas plus loin que ses deux premiers essais.
L'on fit venir un quidam normal, au nom commun de Pontdu, et un banquier au nom fort comme un roc, un certain Feller. Après avoir tiré à la longue paille, le simple quidam s'engouffra le premier dans ma magnifique machine magique. Ho mama mia! Il en ressorti nu comme un ver de terre avec sa seule carte d'identité pour cacher ses parties intimes, le tout en trente secondes. La foule amassée par voix de presse pour assister au progrès de la science poussa un grand HOOO ! ! !
Monsieur Feller se présenta à son tour et entra dans l'antre magique ayant éteint sa cigarette…Et la foule attendit…après une demi-heure de délibération, une porte de deux mètres de large s'ouvrit enfin et notre banquier dut appeler à l'aide, au secours en gesticulant car il ne pouvait plus parler…
Ie pôvre était incapable porter tout seul les lingots d'or qui l'écrasaient et il allait périr étouffé par l'ennnnorme cigare cubain que ma machine lui avait mis en bouche.
Et oui, l'État a refusé ma belle machine! Vous savez pourquoi?...
Le cigare allumé était à l'envers, le bout incandescent dans la bouche. La populace criait au scandale et demandait que l'inventeur passe par le parallélépipède déjà qualifié de maudit.
Ne fumant plus depuis fort longtemps, j'ai préféré m'éclipser discrètement.
xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Il me faut des sous pour ma prochaine invention qui va faire un tabac…sans fumée! J'ai bien nommé la machine à patate. Mon esprit aux liaisons cérébrales tourmentées et influencées par un autre génial inventeur, personnage littéraire du siècle passé dénommer Gaston Lagaffe, vient de pondre la merveille des merveilles. Et j'ai une petite idée pour me procurer quelque argent. Ma délicieuse compagne au gentil prénom de Vinaigrette va m'aider. C'est qu'elle est belle la petite d'un mètre soixante, Vivi comme j'aime souvent à la diminuer davantage.
Avec mon pote Momo, le mécanicien qui m'aide aux assemblages compliqués de mes fabuleuses machines, je vais installer un piège basé sur cette maladie qu'ont tous les hommes: vouloir regarder…que peut-il bien se passer sous les jupes des femmes? Précisons ici que Vinaigrette ne porte une culotte que très rarement! Il me faut choisir un lieu bourgeois où le quidam qui passe sans sa dame soit de qualité. Grosse chevalière à tous les doigts et Rolex au poignet sont deux conditions zobligatoires. Un banc et une bouche d'égout seront les ustensiles suffisants pour la mise en place…Vous me voyez venir?
Ah, mais, hein, et pourquoi une machine à patate? Il en existe déjà de toutes sortes. A éplucher, à tailler de multiples formes, à réduire en purée, à frire, à bouillir, congeler etc. etc. etc. La mienne sera différente.
Prendre une grosse patate telle quelle vient de sortir du ventre de la Terre nourricière et pouvoir choisir à la sortie une forme de dégustation. C'est-y pas une idée qu'elle est bonne ? Une série de boutons à effleurer et l'on peut obtenir, des frittes, des patates sautées ou en robes des champs, une délicieuse purée avec ou sans lait, avec ou sans beurre, des patates en spirales, des pommes de terre bouillies, en cubes dont la grosseur peut se déterminer, des gratinées, pommes dauphines injustement ignorées hors de nos frontières, patates snack avec une petite myriade de sauces pouvant accompagner toutes ces éventualités. Sel à la demande.
Perspective intéressante?
À ce point de mon récit il me faut vous avouez que je suis un grand adorateur de la patate. Il y a quelques années j'ai d'ailleurs fondé le club très fermé du HOMMM PATATIM PATATUM. Tous les membres actuels sont capables d'atteindre le Nirvana du bouffeur de patate. Comment faire partie de cette élite sans pareil dans l'univers? Suivre les instructions.
"Venir à moi braves prétendants avec un million d'euros en liquide et petites coupures et je vous enseignerai les différentes techniques de respiration, de concentration pour bien bouffer la patate. Si vous n'avez pas cette modeste somme vous venez muni de seulement dix euros accompagné d'un ami avec le million.
Si celui-ci est lui également pauvre, qu'il se pointe avec dix euros, un ami et ainsi de suite…J'aime à m'entourer de beaucoup d'amis"
xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Nous voici en place de grève, non pardon, comme travailleur (le moins possible!) indépendant, cela ne résoudrait pas mes problèmes, en place d'action donc. La rue des Pas Trouvés est une artère piétonnière que ma ravissante Vivi n'aurait jamais pu fouler sans changer de look au préalable. À son habitude, robes ou jupes amples et longues sont portées avec décontraction. Chemises larges au décolleté vertigineux sur ses petits seins souvent sans soutient; et des gilets multicolores brodés de fils brillants qui nous viennent des Indes complètent sa tenue vestimentaire. On ajoute aux pieds une paire de basquets usés jusqu'à la moelle. Et sur ses beaux cheveux longs d'un noir de jais quelque chose de pointue, un bandeau orné d'une fleur, naturelle s'il vous plait…vous avez la nana en vue?
Rien de tout cela pour fouler le bitume rechapé à la feuille d'or de la rue des Pas Trouvés. La police ne tolèrerait pas une telle incongruité en un lieu aussi distingué.
Pour moi et ma machine, voici ma belle et bonne Vinaigrette ayant coupé ses grands cheveux (bof ça repousse), tailleur simple mais de grande facture, les pieds chaussés de hauts talons et le nez de grosses lunettes à écailles. Si elle mesurait dix centimètres de plus, elle pourrait s'inscrire au concours de Miss Femmes d'Affaires ou à celui de Putes pour Banquiers Zopulents tellement elle est devenue présentable.
Momo et bibi avons bricolé de nos mains habiles une plaque d'égout pour qu'elle puisse pivoter en une fraction de seconde et ouvrir ainsi un puits au fond duquel, tel le fourmi-lion, nous attendrons notre proie.
Vivi s'installe donc sur le banc et feuillette désinvolte et imbue d'elle-même, une revue financière internationalement connue. Sur une branche de ses lunettes, un minuscule microémetteur…à GO, nous ouvrirons la trappe au moment où elle ouvrira ses jambes. Vous pensez, avec une stricte jupe noire à raz-le-bonbon! Vous ajoutez son habituel , mais providenciel ce jour-là , oubli d'enfiler une petite culote...
Aucun de ceux qui vont choir -ho que cela est bien dit- n'auront remarqué que le journal économique était tenu dans le mauvais sens! Et à la fin de la journée nous avions récupéré une fortune un quart, suffisamment pour lancer notre projet divin qui allait améliorer l'existence de l'humanité toute entière…
xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Quatre mois pour construire notre merveilleuse machine. Cent vingt-et-un jours de boulot exactement. Sans trêve ni repos ni pour Momo ni pour bibi, mais le bijou est là!
Tout beau, tout propre, reluisant. Pas besoin de branchement électrique, de panneau solaire, l'énergie est fournie par la patate elle-même qui ne se verra amputée que d'une minuscule partie pour ce faire; totale auto alimentation écologique…
…Silence! Retenons nos respirations! Moment d'un paroxysme d'émotion! Trois paires de zyeux sont braqués sur l'invention du siècle, que dis-je, de l'histoire humaine.
Vinaigrette introduit une grosse patate bien terreuse dans le volet adéquat et j'effleure à peine les deux touches d'un doigt précautionneux:
FRITTES
SAUCE PIQUANTE
Normalement une assiette de plastique et une fourchette du même métal doivent apparaître bientôt avec une bonne portion qui nous fait tous saliver à l'avance. Je n'ai pas oublié la serviette papier et, détail prouvant mon perfectionnisme, une lingette humide pour essuyer nos lèvres gourmandes après le festin. Nos cœurs battent la chamade, (au fait c'est qui cette Chamade?) et ils atteignent un régime moteur si fort, digne d'une Ferrari sur un circuit, que nous ne pouvons entendre le léger ronronnement de la machine. La trappe de sortie s'ouvre enfin…
Une quinzaine de toutes petites patates enrobées de terre apparaissent à la queue leu-leu défilant comme des soldats de plomb bien disciplinés. Suivie aussitôt d'une assiette où s'affiche une bouillie de serviette papier et de lingette bien arrosée d'une rouge sauce piquante. L'infâme engin ayant oublié la fourchette, il nous faudra de plus manger avec les doigts.
Vous trouverez ici mon relevé d'identité bancaire,
IBAN/BIC 9999 0000 99 0007 OSS117 NIKROIPA BANK
Auriez-vous quelque argent à investir dans un projet on ne peut plus sérieux? J'ai une idée fabuleuse en tête. Il s'agit d'une machine à…………
Épilogue
Il y a tant de mots dans notre belle langue et notre argot pour nommer ce qu'enseigna Vivi sur son banc, que je ne peux tous les nommer ici. Certains malotrous me taxeraient également de grossier; mais la vulgaritude parfois à bon escient, ne me choque pas. Pourtant il faut que je vous dise, j'habite en Espagne, et ici….
….quand on parle de déguster la Patata, tout le monde sait de quoi il s'agit.
xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Ajouter un commentaire