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Douce plume acariâtre


               Deux extraits d’un même roman…LES ÂMES PERDUES

          -Alors Betty, vous n’avez pas eu peur des serpents à sonnette ?       
          - Ma Caddy est restée sur l’esplanade et j’ai fait le reste du chemin à pied. J'ai eu confiance en vous quand vous m’avez affirmée que je ne croiserai pas une seule de ces sales bêtes. Je suis montée malgré la grogne de mon mari ; mais je ne me sens pas très bien en ce moment, il me semble que je  file vers la maladie. Je crains de ne pouvoir honorer ce repas si appétissant que vous m’avez préparé.
          -A part le fait qu’aucun serpent ne soit une sale bête, vous voyez ma belle, la maladie n’existe pas. Ce sont les hommes qui se l’inventent, elle fait partie de leurs nécessités de société.
          -Que me racontez-vous là ?
          -Et oui ! En tout homme, dés sa conception, est activée la potentialité d’une vie saine jusqu’au moment de la mort. Hélas, presque personne ne la connaît. Le mental de l’homme est un instrument merveilleux qui peut lui apporter beaucoup comme le détruire plus ou moins rapidement. C’est avec un mental mal utilisé que le chemin de la maladie pénètre le corps physique. Ensuite l’enchainement devient parfois mortel mais toujours il diminue la force et génère des malaises qui peuvent subsister une vie entière. Les traitements proposés  par la médecine traditionnelle n’arrangent malheureusement pas les choses.
          -C’est donc parce que notre esprit se trouble que le corps cesse de bien se porter ?
          -Absolument, mais la société actuelle prépare les hommes qu’elle doit contrôler pour qu’ils soient encore plus vulnérables. Des hommes sains d’esprit, des hommes heureux, des hommes ayants vaincu définitivement leurs peurs ne sont plus utiles dans une quelconque armée, dans une idéologie politique, une religion ou tout autre facteur de séparation.
          Les hommes sont vraiment étranges dans leur manière de se guérir ; ils utilisent des médicaments qui traitent les symptômes et non les causes…cela ne peut jamais fonctionner. De plus,  ces produits pharmaceutiques sont souvent plus nocifs que curatifs. Leurs effets secondaires sont catastrophiques. Ceux qui les fabriquent le savent bien mais ils s’en foutent. Économiquement parlant, si un patient guéri…un client est perdu ! La seule médecine occidentale qui fait des miracles est la chirurgie ; elle ne laisse normalement aucun effet désastreux par la suite. Réparatrice des dommages dus aux accidents ou parfois à la nature, enfin c’est ce que l’on fait croire car tout est parfait, y compris l’imparfait. Je reviendrai plus tard sur cette flagrante contradiction. Quant à la médecine dite orientale, davantage axée sur la cause de la maladie, elle est donc beaucoup plus efficace ; hélas les orientaux eux aussi sont rongés par leur mental destructeur.
         Pour en revenir à la guérison, c’est un phénomène si complexe qu’elle s’accomplit souvent avec la simple volonté. Afin de mieux comprendre, il nous faut regarder l’effet des placébos. Le seul fait de prendre un médicament va guérir ou du moins soulager. Et pourtant il n’y a rien. L’action de payer elle aussi intervient. Si c’est cher c’est donc bon, beaucoup de praticiens n’hésitent pas pour profiter grassement de cette imbécillité. Ainsi peu à peu, celui qui n’a pas les moyens financiers devient un exclus du droit à la santé ;  pour aggraver le tout, son désespoir contribue à fortifier ses maux. Et l’on se donne bonne conscience en disant que la gratuité des soins engendrerait une dette morale nuisant au patient. Mais oui, j’ai déjà entendu ce raisonnement abracadabrant !
          Nulle part il est écrit que ceux qui ont guéri par amour en attendaient le moindre profit, ou la plus minime reconnaissance.
          Certaines personnes développent une forme de médecine dite parallèle. Ils savent que tout est vibratoire, depuis la plus petite de nos molécules jusqu’à la lumière,  et la pensée aussi. Je t’enseignerai un jour que le Temps n’est qu’une onde et que nous pouvons nous en servir autrement que pour vieillir. Ces gens là donc inventent d’incroyables engins sophistiqués qui se mettent en symbiose avec une personne et vont l’aider à se guérir, à distance si nécessaire. Évidemment que plus l’engin est cher plus il est efficace ! Et la facturation aux seuls riches clients qui ont accès à ces soins si particuliers monte, monte. Fait révélateur de cette forme de guérison à distance, quand on étudie le mode d’emploi de ces appareils hyper modernes et complexes, celui à qui les oscillations sont destinées apparaît comme un « client », non comme un patient ! Ben voyons!
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                  -Ceci est notre dernière discussion en ces terres perdues, dés demain matin le bus nous conduira à Sacramento où vous allez connaître vos deux nouveaux employeurs, probablement qu’ils nous confierons quelques tâches en commun, puis vous prendrez votre envol en solitaire.  Il me semble que très rapidement vous serez prête. Plus jamais vous n’éprouverez la pitié, vous ne connaitrez plus la haine et contrairement à ce vous pouvez encore penser, c’est l’amour le plus pur qui vous guidera. Vous deviendrez énergie, au-delà du bien et du mal ; vous n’aurez plus à revenir dans votre chair. Vous serez soluble dans la vibration du temps. Oh que cela est difficile à concevoir ! Plus de passé ni de futur tels que vous les connaissiez jusqu’à ce jour. Seulement un présent insoupçonnable. Je vais vous conter comment l’homme est arrivé puis a évolué.
                    A un certain stade de l’échelle du temps connu sur notre terre, quand les conditions ont enfin été favorables, la photosynthèse a développé la vie. Puis l’évolution, sur des millions voir des milliards d’années, a créé l’homme. Du primate qu’il était jusqu’qu’au consommateur de gadgets actuel, les peurs répétitives de cet être pourtant toujours parfait pour s’adapter à son environnement, ont engendré une nécessité de protection. Un Dieu est donc apparu. Fabriqué  bien évidemment à l’image d’un homme n’ayant d’autre référence que lui-même, avec ses rêves de puissance et d’éternité. Cette obligation d’un être supérieur créa dés le commencement l’échelle de la hiérarchie. Vous conviendrez qu’il serait immoral qu’un grand roi, un tzar, un empereur, un vizir, enfin qu’un humain aussi haut placé soit-il, n’ait pas un Être Suprême qui puisse le contrôler. Ainsi  tout mortel sacerdotal qui affiche la prétention d’être assis sur un échelon entre le petit peureux d’en bas et la divinité du ciel sera grassement entretenu par le premier et justifié par la deuxième.
         Pour contrebalancer ce summum divin de perfection et de bonté, un autre individu s’est imposé en incarnant la vilénie additionnée de tous les péchés du monde. Il a aussi, bien sûr, accentué une peur  risquant de  défaillir. Ainsi le méchant Belzébuth fait donc sa nécessaire apparition.  Les deux compères se sont réunis un jour de calme avant  une guerre programmée pour l’éternité afin de gérer le bien  el le mal.
           Indécrottable penseur, perpétuel masturbateur de son esprit en mouvements incontrôlables, l’homme a su magnifiquement faire fonctionner ses neurones pour ne jamais tomber entre les pattes de celui qui lui promettait des flammes éternelles ni de celui offrant des délices perpétuels. Aller en enfer ? Ha non merci ! Quant à monter au paradis ? Avec tout ce que j’ai fait sur cette belle terre nourricière, ce sera dur, très dur ! Alors, pourquoi ne pas inventer un truc qui va me permettre de revenir des milliers de fois si besoin pour le prétexte de m’améliorer, me purifier, me sanctifier…
          Et la réincarnation est née.
          Problème insoupçonnable… Dieu et le Diable, créés pour rien, s’emmerdent !!!

 

 

 

 

 

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